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ÉCOLE PUBLIQUE HENRI MATISSE ET CRÈCHE LE PETIT PRINCE À BEAUZELLE
Construction du Pôle petite enfance, Pôle scolaire et d'un gymnase : crèche, locaux assistantes maternelles, écoles maternelle et élémentaire, gymnase et stationnements associés.

ÉTIRER LES FRONTS Il fallait assumer la typologie de la parcelle en longueur en front de rue (côté ouest) et de jardins résidentiels (côté est), mais échancrée dans son épaisseur avec dans sa partie nord, une bande particulièrement fine n’excédant pas les quelque 18 m de large. Mais il fallait aussi créer un univers homogène bien que séquencé pour libérer des espaces de dilatation entre les trois entités du programme – la crèche, l’école et le gymnase. Côté rue, l’équipement satisfait un alignement urbain dont la tension est tout à la fois renforcée par une succession et/ou superposition de lignes, celles de l’aménagement de l’espace public (cheminement piéton, piste cyclable et plantations), celle d’une construction généralisée à rez-de-chaussée (qui en facilite les usages), celle, épaisse haute et blanche, qui coiffe la façade et se retourne ici et là en pied pour mieux identifier les séquences bâties, celle enfin des galeries qui, par un simple jeu de retrait de façade, accompagnent à couvert parents et enfants entre les différents seuils de l’équipement et les poches de stationnement inscrites discrètement entre les entités fonctionnelles. Côté jardins résidentiels, c’est une ligne végétale continue qui s’étire en suivant scrupuleusement la limite parcellaire et qui met l’équipement à distance visuelle du voisinage. Mais le bâti, qui s’inscrit en cœur de parcelle, qu’il soit parallèle ou perpendiculaire aux lignes précitées, confirme l’esthétique tendue des façades sur rue, étant même en façades sud et ouest, renforcée par l’épaisseur d’un débord de toiture faisant office de casquette protectrice. CARACTÉRISER LES LIEUX La première identification des lieux s’opère par des choix chromatiques. Si les trois sections de la crèche n’hésitent pas à s’approprier respectivement le bleu, le vert et l’orange, l’école se contente quant à elle d’un univers en « noir et blanc ». Ces spécificités étant par ailleurs soutenues par les matières des menuiseries – du bois clair et chaleureux pour la crèche, de l’aluminium laqué sombre et lumineux pour l’école. La seconde identification s’opère par la lumière. Une lumière omniprésente qui caractérise non plus les entités mais les usages. Ce sont de grandes baies qui installent de profondes transparences entre l’espace public et le cœur d’îlot et marquent les seuils des classes, alors que ce sont de discrètes ouvertures qui ponctuent les dortoirs. Ce sont des skydomes qui ici rythment la longueur des circulations et là allègent la profondeur des préaux, et ce sont des sheds triangulés qui, tout en enrichissant la découpe des volumes, qualifient de leur lumière tempérée du nord, les salles de jeux, de classe, d’activités et de restauration. Une lumière par ailleurs maîtrisée pour mieux contrôler les apports solaires, par des vecteurs passifs – une large et épaisse casquette au sud (là où les jeux de ballons déconseillent l’utilisation de stores), des ouvertures réduites à l’ouest. AFFIRMER LES FONCTIONS PUBLIQUE ET ÉDUCATIVE Lignes tendues et séquencées, béton brut matricé ou peint en blanc témoignent de la fonction publique, pérenne et intemporelle des lieux. Quant à leur fonction éducative, elle se lit dans la matrice du béton gris. Une matrice qui, à la façon des bas-reliefs ornant les façades des écoles de l’entre-deux-guerres, conte par son graphisme, ou plutôt par sa calligraphie, une histoire de chiffres et de lettres dessinés à deux échelles différentes (l’une réduite en fond de matrice et l’autre exagérée en premier plan) de façon à offrir deux niveaux de lecture – à l’approche ou à distance de la façade. Et si les lettres semblent placées de façon aléatoire, les plus curieux pourront toutefois découvrir dans leurs assemblages quelques mots, tous empruntés au lexique du programme, du projet ou de l’univers scolaire. Et si l’histoire de ces panneaux de béton fait indéniablement sens en ces lieux, elle fut aussi l’occasion d’impliquer les maçons, d’attirer leur attention comme leur application tout le temps de la mise en œuvre. Le résultat est bel et bien tel qu’escompté – une signature de compétence.

MAÎTRE D'OUVRAGE Mairie de Beauzelle / OPPIDEA LOCALISATION Beauzelle (31) ÉQUIPE ESPAGNO MILANI EGIS Bâtiments Sud Ouest ELIOTH GAMBA Acoustique INTÉGRALE DE RESTAURATION	SURFACE 4 650m² SHON COÛT DE TRAVAUX HT 7 900 000 €HT AVANCEMENT Concours lauréat 2014 / Réalisé 2016

Photos : © Philippe Ruault / Sylvain Millet / EMaa